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Mon Afrique à MOI !

"Ko té môghô gnini, môghô lé bé ko gnini"

Ce n'est pas facile de partir de notre chère Afrique, vers une terre inconnue, dans le but d'y espérer un avenir meilleur, pour soi-même ou notre descendance. Combien de nos frères ont perdu la vie en essayant d'immigrer par la mer, par les airs ou les terres ? Peu nombreux sont les chanceux qui n'ont perdu que leurs maigres économies. C'est triste !

Cependant, il y a quand même des réussites. De belles histoires d'immigration qui ont bien fini mais il y a aussi des histoires drôles mais surtout la bêtise humaine.

 

Le proverbe "Ko té môghô gnini, môghô lé bé ko gnini" peut se traduire par "Affaire ne cherche pas l'homme, c'est l'homme qui cherche affaire". Pour illustrer cela, voici l’histoire qu’un grand frère m’a racontée, il y a quelques années.

Un jour, ils étaient, ses amis et lui, au centre-ville de Montréal, invités à une petite soirée, dans l'appartement d'un ami. Ils sirotaient des bières fraîches, devant un bon riz à la viande. Ils discutaient de politique nationale, à plus de 12 000 km de leur pays, comme si leur politique de salon allait changer le monde. Mais bon, en tant que bons africains, nombreux sont ceux qui ont l'habitude de vivre d'espoir...

Comme vous le savez si bien et puisque nous ne savons pas faire les choses calmement, plus nous buvons, plus nous crions, plus nous nous chamaillons à cause de questions existentielles stériles, faisant fi du voisinage. N'oublions pas également, que la musique fait rage. Plus elle est forte, moins nous nous entendons, plus le ton monte.

 

Au Canada, à part les fondations et les façades des maisons, les murs sont faits de bois avec une isolation mais pas toujours une bonne insonorisation.

Dans ces conditions, votre voisin passe sa soirée comme s'il était avec vous,  à vous écouter hurler, comme s'il participait à la fête, lui aussi, subissant les caprices de votre DJ. Évidemment, tout son appartement vibre au rythme endiablé de la basse de vos chansons favorites.

Malgré toute sa bonne volonté, il arrive qu'à un moment donné, il n'en puisse plus. Il a eu beau cogner sur le mur mitoyen, vous demander de faire moins de bruit, rien n'y a fait. La fête s'éternise encore et encore. Alors passé 22h, le pauvre  se voit obligé d'appeler le 911, la police.

 

En Amérique du Nord, vous n'avez même pas le temps de raccrocher que vous les entendez cogner à la porte d'à côté. Ils ne sont jamais seuls. Un minimum de 2 autos patrouilles, soit 4 policiers sont déjà là, prêts à intervenir. Quel soulagement pour le voisin. Il va, enfin, pouvoir fermer l'œil, sa famille aussi !

Les policiers frappent donc à la porte et demande au propriétaire des lieux de faire moins de bruit à cause du voisinage qui se plaint. L'agent dit que vu que c'est un premier appel, il ne lui donne qu'un avertissement mais s'il arrivait qu'un autre appel soit logé au poste de police pour les mêmes faits, ça sera 165$ d'amende. Le principal concerné s'excuse du dérangement, promet de calmer ses convives et rassure les policiers qu'ils n'auront plus à faire le déplacement.

À peine avait-il fini sa phrase qu'un de ses amis se met à crier du fond du séjour et s'adresse aux policiers en ces mots :

 - Vous-là même, y a quoi ? On ne peut pas fêter en paix dans ce pays ?!

 

Tous les autres sont restés scotchés, médusés, comme si leur ami était possédé par le diable et donc en plein délire. Malgré leur : "mon frère assieds-toi, arrête ça toi aussi, regarde faut pas nous créer des problèmes ici", le gars continuait à se plaindre :

- Non mais c'est quoi ? Ils nous fatiguent maintenant ces policiers-là, on ne peut pas boire en paix ici ?!

 

Bon là, je me permets de faire une pause. Vous avez sûrement compris qu'il était saoul. Mais de là à boire son cerveau, il y a une marge. Non mais allô quoi ?

Qui l'a sonné, qui l'a branché, qui lui a demandé quelque chose ? Personne !

Depuis que j'ai commencé mon récit, est-ce quelqu'un a vu son nom cité quelque part ? Non !

Est-ce que c'est chez lui? Non !

Ce sont-ils directement adressés à lui ? Non !

Était-il le seul invité concerné par la plainte ? Non !

Ne parlait-il pas la langue alors avait-il besoin de plus amples explications ? Non ! Non, non et non !

Le propriétaire lui-même s'est excusé auprès des agents de la paix, alors quel était le problème de son ami ?

 

En tout cas, moi, ce que j'aime des policiers montréalais, c'est qu'ils sont comme les douaniers du pays. Il ne faut pas leur donner raison parce que quand ils vous prennent la main dans le sac ou lorsqu'ils savent que l'amende qu'ils vont vous refiler sera salée, ils s'adressent à vous avec une sorte de politesse très insolente. Voilà pourquoi, ils ont courtoisement demandé à ce "monsieur" de s'approcher mais surtout de s'identifier.

Dès que le policier a eu son passeport en main, il a appuyé sur son talkie-walkie pour demander le signalement de l’individu au central, simplement grâce à son nom de famille et à sa date de naissance.

 

Mais vous savez quoi? Le bonhomme était sans titre de séjour depuis des lustres. Sa soirée et sa vie au Canada venaient d'être brutalement interrompues par son seul fait. Quel idiot !

La déportation vers sa terre natale a suivi 3 semaines après. Comme le dit si bien mon mari : "quand on est bête, ce n'est pas pour 24h. C'est pour la vie !"

 

 

Tous les personnages, sans exception, sont inventés et il serait vain de chercher à substituer aux descriptions des héros, des noms d’hommes existants ou ayant existé.

 

 

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