"La vengeance est un plat qui se mange froid"

Je suis l'aînée d'une famille de cinq enfants. Mais avant qu'un tel malheur ne se produise, j'ai été enfant unique, durant 11 merveilleuses années ! Seule à cultiver mon égocentrisme, mon nombrilisme, mon égoïsme, ma culture du "tout est à moi toute seule, surtout ma mère", à affûter mes techniques de manipulation, dignes d'un agent du KGB, à être l'unique centre d'intérêt de mon monde, à être le respirateur artificiel de mes parents. J'étais leur TOUT !

En plus, je m'appliquais à faire chier tout le monde autour de moi, jusqu'à ce que je donne le feu vert à mes parents. Oui, la permission de faire un autre enfant. Je voulais bien leur concéder cela à la condition formelle que ça ne soit pas une fille. Pour ça, Dieu a royalement répondu à ma requête puisque j'ai eu 4 frères ! Avis à ceux qui douteraient encore de sa puissance.

Par contre, cette autorisation fût l'idée la plus stupide que je n'ai jamais eue ! Mon gouvernement venait de tomber 4 fois de suite. Seigneur, j'avais dit UN enfant !

Enfin, au final, ça n'était pas si grave puisqu'en parallèle, j'en profitais du côté de mes grands-parents. Eh oui! Petit-enfant unique durant 9 ans, du pur bonheur en formule concentrée. J'avais, de toutes les façons, une bonne longueur d'avance sur la lignée à venir, 9 ans …

Cependant, ce que je ne vous dis pas, c'est que j'ai vécu chez mes grands-parents, jusqu'à mes 8 ans. Je m'attelais à faire exactement la même chose que chez mes parents, c'est-à-dire, faire chier le monde mais 10 fois plus puisqu'ils avaient, eux-mêmes, 10 ans enfants. J'étais donc à moi toute seule une chiante au pluriel !

Le BVT (Bon Vieux Temps), de belles années à faire pâlir de jalousie et d'aigreur tous mes oncles et tantes. Les pauvres, ils utilisaient tous les stratagèmes parfois pour me mettre de leur côté et soutirer quelques sous au grand-père, mais plus souvent, pour tester leurs techniques de vengeance suite à mes mauvais coups.

Une matinée, tandis que mon papi était au travail, un de mes oncles m'avait donnée une fessée. Il devait être autour de 9h30 et ne me demandez pas ce que j'avais fait ou pas fait, je ne m'en rappelle plus.

Apparemment, je n'ai pas été suffisamment traumatisée pour m’en souvenir. Une chose est sûre, c'est que la fessée n'était pas si douloureuse que ça.

Mais n'oubliez pas que quel que soit le châtiment, plus vous hurlez, plus vous vous tordez de douleur, plus le bourreau a l'illusion que son but est rapidement atteint et que sa méthode est très efficace. Cette méthode revue et revisitée, abrège vos souffrances plus vite que vous ne pouvez l’imaginer.

Petite parenthèse, il ne faut jamais que mes enfants lisent cet écrit-là.

Donc, je pleure, je me tortille, durant 5 longues et interminables minutes. Il est alors 9h40, gros max. Je finis par me calmer et je continue ma matinée comme si rien ne s'était passé. J'ai joué, mangé, fait du bruit comme d'habitude.

Mais, puisque dans mon cas "la vengeance est un plat qui se mange surgelé", est-ce que je ne me mets pas subitement à hurler, à me jeter et à me rouler par terre, lorsqu'à 12h30, j'entends la portière de la voiture de mon grand-père claquer. Mon oncle, présent dans la même pièce que moi, sursaute, il ne comprend pas ce qui se passe, il accourt, se demandant ce qui se passait, croyant que je m'étais blessée en jouant. Et moi de répondre avec un sourire en coin :

- Tu as oublié quand tu m'as frappée ce matin-là, non?

Je vous laisse deviner la suite lorsque j'ai plongé dans les bras de mon papi, en larmes et que ce dernier questionna mon oncle au sujet de ladite fessée.

Ce blog est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec la réalité est à imputer à cette dernière.