L'amour au village

Pour parler de sexualité, désolée, mais je suis obligée de chuchoter parce qu'en Afrique c'est un sujet tabou. Nos parents nous répètent souvent : "pas avant le mariage". Alors, tout ce qui pourrait se passer avant ce fameux mariage, c'est du vide pour eux, rien de sérieux sinon ils auraient reçu une proposition de mariage claire sur la table.

Bref, c’est vivre dans le péché et en attendant, votre prétendu(e) prétendant(e) n'est absolument personne !

Cette façon de nous éduquer a de bons côtés, mais aussi des travers. Par exemple, nous faisons tout en cachette pour ne pas décevoir nos parents. Nous nous transformons en Tangui, car impossible de quitter la maison sans être marié(e) et bonjour les mensonges, les doubles vies, etc. Tout ceci, dans le plus grand des secrets.

Bien que majeurs pour la plupart d'entre nous, nous nous comportons encore comme des ados, dans ce domaine. Combien d’entre nous ont déjà demandé à leurs partenaires de les attendre au coin de la rue pour être sûrs que personne ne les verrait ? Quel stratagème n’a pas encore été utilisé pour pouvoir sortir en douce, sans que les parents ne s’en aperçoivent ? Qui n’a pas fait ou jamais voulu faire le mur pour rejoindre l’autre ? Combien n'ont jamais fait appeler par leur petite soeur, leur copine, sachant qu'aucun cellulaire n'existait à l'époque ?

Peu importe qu'il y ait sexualité ou non, tout ce qui tournait autour de ça était proscrit. Alors, après avoir épuisé toutes ces tactiques, j'ai trouvé ma solution : deux mariages à mon actif. Voilà, le tour est joué ! Je me suis offerte l'option illimitée.

Pourtant, longtemps, je me suis demandée si mes propres parents avaient une vie … euh ... enfin, vous savez le mot qui commence par "s" ! C’est à croire que nos parents sont deux colocataires parce qu'en toute circonstance, ils se font la bise, nom de Dieu ! Surtout pas de bécots devant nous, ni de câlins, ni de marques d’affection, car cela pourrait nous traumatiser. Aucune allusion cochonne, rien ! Pourtant nous avons de grandes familles et parfois des familles multiprises, car nos pères ont des seconds "bureaux" un peu partout.

Mais dans le cadre de cet écrit, je me suis surtout penchée sur le sort de nos parents villageois. Comment dans les conditions dans lesquelles ils vivaient, ils arrivaient à faire des enfants en rafale ?

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à l'époque, les mères restaient à la maison et les pères étaient chasseurs et/ou cultivateurs. De temps en temps, la mère allait aider le père dans les champs, mais elle rentrait plus tôt, question de préparer le repas à temps pour le retour du guerrier. Ces gens-là avaient souvent une ribambelle d'enfants et je me demandais comment cela pouvait être possible.

En fait, dans les villages d'antan, ils vivaient dans des cases. Des sortes de huttes version africaines. Donc, la cuisine, le salon, les chambres ou plutôt la chambre étaient au même endroit. Tout le monde dormait dans la même pièce, parfois même les animaux. Aucune séparation entre les "pièces", zéro cloison, pas d’insonorisation non plus. En parlant d’animaux … j’ai des cousins qui ont des têtes bizarres ... enfin, bref !

Dans ces conditions, comment est-ce possible qu'on ne parle jamais de sexe, qu'on n'entende jamais rien la nuit, mais que chaque année, maman soit enceinte ?!

Certainement que leurs techniques n'étaient répertoriées nulle part, j'avais beau cherché, rien ! C'est comme chercher le tombeau secret de Toutankhamon. On en entend parler sans aucune preuve. Tant qu'à faire, le kamasutra peut se rhabiller !

Alors, puisque ça n'existe pas, expliquez-moi comment ça se fait que la population africaine soit de 1 milliard d’individus ? Toutes nos mères s'appellent-elles Marie ?

Hommes, bêtes, village et choses, tout est imaginé. C’est une fiction, rien qu’une histoire fictive.