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Mon Afrique à MOI !

Le culte de l'enfant "garçon"

Avoir un enfant ... Quelle sensation de pur bonheur ! Sentir la vie en soi, instant unique, instant privilégié. Oui, c'est un privilège que de pouvoir enfanter, surtout dans nos sociétés africaines.
En effet, une fois mariée, la jeune épouse a une pression sociale forte afin de mettre rapidement au monde son premier enfant. Un garçon de préférence, comme si elle avait le choix des armes et malheur à elle, si elle tardait à tomber enceinte après son mariage.

 

Évidemment, pour les mauvaises langues, il est clair que si elle n'est pas enceinte dès la première année de leur union, c'est sûrement parce que c'est une sorcière au bas ventre asséché. C'est sûr qu'elle le fait exprès ou encore parce qu'à cause de sa méchanceté, on a dû lui couler mystiquement du béton dans le ventre. Mais qui sait ? Peut-être que ce retard est simplement causé par ses supposés nombreux avortements, et j'en passe.
Que des choses mesquines et blessantes pour marquer son incapacité à faire des bébés. Pour l'entourage, souvent celui de l'époux, elle est forcément fautive. Ça ne peut pas être dû à la nature, à un problème biologique ou simplement au fait que son mari soit stérile. Ben, non! Lui c'est un Homme 5 étoiles ! Au grand jamais, ce dernier n’est considéré comme étant celui qui ne peut pas procréer. Pourtant, nous savons tous, consciemment, que cela est possible.

 

D'ailleurs, si malgré les décoctions à l'aspect plus que douteux que sa belle-mère lui donne à boire,  ses visites répétées chez le marabout (le "vaudou man") ou le pasteur du quartier ainsi que les médicaments traditionnels offerts par sa mère pour ses lavements, etc. elle ne tombe toujours pas enceinte, là, c'est une catastrophe. Certains iront même jusqu'à proposer à son époux de prendre une seconde épouse. Dans ce cas, vive la polygamie et/ou l'infidélité, ou pire, qu'il divorce. Cela semble beaucoup plus simple que de chercher les vraies causes du problème.

 

Cependant, si vous avez la chance d'être enceinte, vous ne pourrez jamais savourer votre bonheur d'être une future mère en toute quiétude. Eh oui ! Quelle femme africaine ne s'est pas vue menacée par son conjoint ou la famille de ce dernier durant sa grossesse parce qu'il voulait absolument un garçon ? Une grossesse est déjà suffisamment stressante comme cela, pour en rajouter, n'est-ce pas ?

En effet, une future mère se demande souvent, si son enfant sera en bonne santé, si elle arrivera à accoucher sans accros vues les conditions d’hygiène et technologiques de nos hôpitaux. Loin d’elle l’idée du sexe de l’enfant. L’essentiel pour elle est qu’il naisse en parfaite santé. A contrario, l'une des seules préoccupations du mari est qu'il ait un garçon, un point, un trait. Remarquez que ce sont souvent les plus exigeants en la matière qui n'obtiennent que des filles.

 

La pression est d’autant plus grande lorsque le conjoint avoue préférer un garçon. Du coup, la femme a peur de le décevoir si jamais elle accouche d'une fille. Les raisons de l'acharnement du compagnon sont multiples, parfois légitimes, mais pas toujours objectives.
Certains veulent un garçon pour assurer la lignée. Pourtant, ce sont les femmes qui accouchent ! Comme si donner naissance à une fille modifiait l'ADN familial. C'est le même sang qui coulera dans les veines de chacun des enfants, non ?
Certains refusent d'être entourés de femmes durant une certaine période du mois à cause du SPM (Syndrome prémenstruel). À ce sujet, le père d'une amie veut déménager chaque cycle de 28 jours. Après s'être écrié à maintes reprises, "respectez l'homme ici". Il veut sous-louer un studio tous les mois. Le monsieur souffre dans cette maison entre sa femme et ses trois filles.
D'autres veulent un garçon pour aller jouer au foot le dimanche, comme si un ami ne pourrait pas faire l'affaire. De toutes les façons, lorsque cet enfant-là sera en âge de pratiquer ce sport, le père, lui ne pourra même plus monter les escaliers, à plus forte raison, courir sur un terrain de 105m x 68m. Passons à un autre appel, svp !
Mais malgré tout cela et en dépit de toute logique, chaque père, chaque mari, veut un FILS !

 

Bon, à ce moment du récit, je pense qu’il est important de faire un arrêt sur image. Un petit rappel sur la conception de ce fils est nécessaire, car, génétiquement, la mère porte deux chromosomes X (fille), le père un chromosome X (fille) et un chromosome Y (garçon). Comme la mère est XX, elle transmettra forcément un chromosome X, donc une fille. Le père lui, est XY. Il peut donc transmettre un chromosome X ou un chromosome Y, donc soit une fille, soit un garçon.

Nous sommes tous d'accord là-dessus, n'est-ce pas ? Alors, qui ne fait pas ce qu'il faut dans ce cas ? Pourquoi s’acharner sur la mère, qui est génétiquement programmée pour ne donner naissance qu’à des enfants de sexe féminin ?
Apparemment, c'est beaucoup plus facile de feindre de ne pas savoir cet état de choses, que d'assumer que celui qui ne fout rien comme d'habitude et qui donne le sexe masculin aux enfants, c'est le père !

 

Lorsqu'une amie était enceinte, son mari lui disait tous les jours qu'elle devait lui faire un fils sinon, il les mettrait dehors, elle et SON enfant (fille). Du matin au soir, c'était la même chanson. Je regrette l'époque du disque. On aurait pu lui dire de changer de disque, car il était rayé, mais, à l'ère du mp3, Seigneur ! Ça radote encore et encore. Je ne sais pas non plus à quel point il était sérieux, mais je vous rappelle que le couple vivait au Québec. Oui, en Amérique du Nord, là où le 911 (police) est notre arme fatale. Donc qu'il essaie de les mettre dehors, on verra bien !

Mais, malgré sa génétique qui la condamnait à faire une fille, elle a quand même fait des recherches sur Internet. Des internautes lui suggéraient d'avoir des rapports sexuels très proches de l'ovulation parce que les spermatozoïdes garçons sont moins performants que les filles (?). De toutes les façons, même adultes, il n’y a pas grand changement à leur sujet.
Certaines lui disaient de manger plus salé que sucré pour avoir un garçon, quitte à prendre le risque de voir sa tension monter et de mettre son bébé en danger.
D'autres lui préconisaient l'abstinence pendant 10 jours et ensuite, feu vert. Mes chères amies, on ne se risque pas à faire ça à notre cher homme africain. Rappelez-vous qu'en Afrique, il y a un homme pour sept femmes ! Il a du choix et, peu importe, la qualité de la marchandise, le gars a la quantité. Alors, pas besoin de m'étaler sur le sujet.

 

Maintenant qu'elle était enceinte et dans des circonstances aussi menaçantes, ils ont, pendant des mois, cherché des prénoms masculins, y compris les pseudonymes, les noms de caresse comme nous les appelons chez nous. Les achats de grenouillères bleues avaient débuté. La chambre d'un vert clair avec tes touches brunes prenait forme.

Mais, c'était sans compter sur le verdict final de la seconde échographie, celle de la 22ème semaine. Ce fut le coup de grâce lorsque l'époux a entendu le gynéco leur dire, tout sourire :

- C'est une fille ! Vous attendez un bébée !

 

Silence radio, on tourne ! Si vous aviez vu la tête du gars, on dirait qu'on lui avait pété en pleine face. Il voyait ses espoirs de footballeur du dimanche ruinés, cette carrière dans la ligue interquartier qu'il n'atteindrait jamais, et tout ça par leur "faute", elle et son incubateur.
Il l'a boudée durant des jours. Il  ne s'alimentait presque plus. C'était comme s'il avait le paludisme ou qu'il était en deuil. Tout ça pour quoi même ? Quand elle lui demandait ce qui n'allait pas, c'est à peine s'il lui répondait. Après trois jours, elle n'en pouvait plus. Elle n'avait plus le choix que de lui porter l'estocade. Ce qui lui a, finalement, facilité la vie le restant de sa grossesse. Elle le regarda droit dans les yeux et lui dit calmement :

- Est-ce de ma faute si à chacune des tes éjaculations c'est la Gay Pride (parade de la fierté gaie) ? Est-ce de ma faute si tu as des spermatozoïdes pédés ou des transsexuels ? Le pire dans tout cela, c’est que c'est le plus gai de tous qui m'a fécondé. Oui, oui, le plus vaillant de tous, le seul en première position !

 

Ouille ! Re-silence radio, on tourne ! Dans ses côtes ! Mais, vous savez quoi ? Après cette réplique, il ne l'a plus jamais taquiné sur sa grossesse. Elle avait porté atteinte à son essence même, à sa virilité. Son attitude a complètement changé après ça. Comme dans les contes de fées, bon papa qu'il était, il a aimé sa fille d'un véritable amour paternel. Il l'a aimée comme un véritable garçon ....

 

Après tout, fille ou garçon, est-ce vraiment important ? Ce qui compte c’est la joie d’avoir un enfant.

 

 

Ne voyez dans ces propos aucune connotation homophobe, compte tenu des circonstances où toute ressemblance n'est pas pure coïncidence.

 

 

 

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