1ère partie : Quelques minutes en enfer.

Lorsque je baissais les bras devant une épreuve ou lorsque je m'aventurais sur un terrain sinueux, ma mère me répétait alors : "ne commence pas ce que tu ne peux pas terminer". Une façon simple de me rappeler de ne jamais m’engager dans quelque chose, si c’était pour abandonner en cours de route. Cette phrase a pris tout son sens lorsque dernièrement, j'ai lu le récit d'un homme qui décrivait sa routine quotidienne à la salle de sport. C'est comme si ma mère était au bout de chacune de ses lignes, mais bizarrement, c'était comme si, moi, j'étais l'héroïne de ce texte.

En effet, il y a quelques mois, J'AI (?) décidé de me prendre en main et de perdre du poids. L'objectif derrière tout ça était tout d'abord de retrouver ma santé physique, mais surtout ma santé mentale (lire mon blog au complet pour mieux comprendre mon propos). Néanmoins, j'espérais secrètement redevenir jeune, belle et désirable.

En plus, à force de regarder des émissions de remise en forme et de métamorphose extrême, je me suis sentie pousser des ailes. Avec le recul, je me dis : "Seigneur, qui m'a envoyée dans ce bourbier ?!"

Mais, avant de commencer à me plaindre, il faut que je vous mette un peu en contexte :

1 - Je ne suis pas si vieille que ça alors pas besoin de donner des précisions quant à ce foutu nombre à deux chiffres. D'ailleurs, à quoi cela servirait puisqu'en Afrique, on a l'âge qu'on veut bien avoir, n'est-ce pas ? Un petit billet de banque tout neuf et l'employé(e) de la Mairie vous fournira un certificat de naissance où vous serez plus jeune que vos propres parents.

2 - Je suis mère de deux magnifiques enfants, pas besoin non plus de préciser leurs âges, car ça viendrait compromettre le point 1 et donner un indice sur ce fameux foutu nombre à deux chiffres qui ne cesse de croître avec le temps. Damn it !

3 - Je suis noire. Il paraîtrait alors que je vieillis moins vite que la moyenne. Nuance, je parais plus jeune que mon âge. Mais quand ce compliment vient de quelqu'un qui vous demande une faveur dans la phrase qui suit, est-ce vraiment une pensée objective ?

4 - Je suis sédentaire depuis un certain nombre d’années déjà. Si j'additionne les âges de mes enfants qui sont également des nombres et non des chiffres, je dois avouer que je ne fais plus de sport depuis belle lurette. Monter les escaliers pour me rendre à ma chambre est un véritable parcours du combattant. Comptez maximum 12 marches. Commentaires négatifs s'abstenir, svp. Merci.

5 - Pour prouver ma bonne foi et mon engagement, j'avais préalablement fait de nombreuses recherches sur Internet au sujet de la bonne nutrition (échec assuré, je viens du tiers monde), de la réduction des portions (re échec assuré à cause de la technique du boa. C’est-à-dire que j'ai besoin d'être plus que rassasiée, puis de trouver un endroit frais, à l'ombre pour m'étendre et digérer en paix). Je me suis aussi penchée sur la différence entre le cardio et la musculation. J’avais également partagé des conseils avec des copines dans la même situation que moi. À y réfléchir, c'était plus des façons de nous motiver mutuellement plutôt que de véritables conseils

6 - J'ai un amour de mari qui, à force de m'entendre dire que je voulais ou plutôt que j’allais dorénavant bouger plus, m'a un jour, fait un cadeau d'enfer et c'est là que mon calvaire a commencé ....

Un soir de fin de printemps, mon mari rentre à la maison, le cœur en joie :

- Coucou, mon amour, tu sais à quel point je t'aime et à quel point j'aime te faire plaisir, n'est-ce pas ? Eh bien, voilà, j'ai dans la voiture, une superbe surprise pour toi. Évidemment, pour maintenir un certain suspens, je te donne 3 chances pour deviner ce que c'est.

Oh mon Dieu ! Mon cœur d'enfant, mais surtout de femme qui aime se faire gâter s'est mis à battre la chamade. Mais qu'est-ce que cela pouvait bien être, surtout à la veille de l'été. Aller, je me lance :

- Des billets de spectacle pour quelques copines et moi ?

- Noooonnn ! Encore deux autres chances, dit-il.

- Une nouvelle petite commode pour que je puisse ranger mes dessous affriolants ... gggrrrrr !!

- Euh non ! Tu sèches ma vieille !

Pause ! A-t-il bien dit "ma vieille" ? Sur quoi se base-t-il pour tenir de tels propos ? Vieux toi-même ! En plus, dans mon concept de dessous affriolants, le mot "sèche" rend ça quelque peu frigide. Cela fait deux terribles erreurs dans une seule et même phrase. Ma joie venait de diminuer d'un cran. Il a intérêt à ce que son cadeau soit à la hauteur.

- Bon, je ne sais pas ! Tu me le dis ou non ? Je suis fatiguée de ce jeu-là. Si tu ne veux pas me dire, laisse tomber. Lui dis-je, frustrée.

- Oulala ! Madame s'impatiente. Ok, suis-moi !

Lorsque nous arrivons près de la voiture, il me dirige vers l'arrière, ouvre le coffre et dit :

- Tadaaaa ! Un vélo d’appartement, ma chérie ! Tu pourras enfin commencer ta remise en forme tant souhaitée.

Je l'ai regardé, le soleil dans la bouche. Eh oui, je souriais tellement jaune qu'il fut ébloui. Tous mes espoirs venaient de s'éteindre : fin de ces soirées de rêve à me goinfrer devant un bon film, terminées mes chasses au trésor, mes recherches de nourriture dissimulées dans le frigo ou dans le reste de la maison, finis mes prétextes de déprime pour rester avachie sur le canapé et vider le pot de crème glacée, finies les activités de pâtisserie familiales, car un gâteau fait, c'est comme lorsque le vin est tiré. À défaut de le boire, il faut le manger jusqu'à la lie.

Malheureusement, ma "belle" vie venait de s'arrêter d’un coup sec. Mais, après une nuit de réflexion, je me suis dis que cette surprise valait quand même le coup. Oui, il était temps que je me bouge et que je fasse du sport. Je me suis donc fixée un objectif très réaliste : faire 1h de vélo tous les jours, 6 jours sur 7 avec dimanche comme jour de congé, le repos du juste, le repos du guerrier, et ce, durant 365 jours. Pourquoi 365 ? Ben, pour faire comme à la télé et en plus, ils n'ont pas l'air de trop souffrir ceux-là. Ça semble plutôt facile quand je les regarde faire.

Alors, vous êtes prêts ? Aller, on y va !

Jour 1 : Le grand départ

C'est très motivée que je saute littéralement du lit à 6h du matin et décide d'enfourcher ma bike. Pour me motiver (ça part mal), j'aime à penser que c'est une moto et qu'elle va rouler toute seule, sans effort. Vroum vroum, je démarre. Objectif du jour : 60 minutes à puissance moyenne, non-stop.

Cependant, après un certain temps, qui me paraissait une éternité, j'ai commencé à me sentir très essoufflée. J'avais une forte douleur dans la poitrine, comme si mon cœur allait sortir de mon corps pour que je le vois mieux et que j'ai pitié de lui. J'étais au bord de la crise cardiaque. Je regarde alors le cadran électronique du vélo :

• Pouls : à perdre l'haleine. Même la machine a eu peur de l'afficher.

 Je comprends alors que je suis au bord de l'agonie. J'ai dû brûler toutes les graisses de mon corps tellement je suis en sueur. Je lève encore les yeux :

• Calories perdues : nombre assez insignifiant pour ne pas que ça s'affiche.
• Vitesse : presque du surplace

Je me dis que le système électronique du vélo doit être défectueux parce que ce n’est possible. Punaise, je pédale, encore et encore. Je n'en peux plus !

• Temps écoulé : 4 mn.

Qu ... quo .... quoi … 4 … 4 mn ?!! (N’oubliez pas que je suis essoufflée, au bord de la tachycardie). Calcul mental rapide avec le peu de force qu’il me reste. Je suis donc à 56 mn de l’objectif du jour. Mais à cette allure, je vais finir par perdre connaissance.

Malgré tous ces effets néfastes sur mon corps, c'est péniblement que je termine ma séance d'entraînement de la journée de ... 10 mn.

Mais, je ne me décourage pas. Je me dis que c'est normal et qu'un éléphant se mange peut-être une bouchée à la fois, mais sur un vélo, c'est difficile de le transporter en un morceau.

Demain, étant un autre jour, c'est sûr que ça ira mieux ...

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